L'ange en chocolat
Il arriva qu’un jour, alors qu’ils faisaient les courses au supermarché, César demande à Jacques, à brûle-pourpoint :
- Dis donc, mon vieux, est-ce que tu crois aux anges ?
- Euh, bof.. . je ne sais pas trop, répondit le jeune homme, interloqué par une telle interrogation si déplacée dans un tel lieu.
Un paquet de lessive à la main, Jacques eut du mal à reprendre le cours de ses achats sans perdre des yeux la liste précise des choses à acheter, dressée par le vieil homme. Mais déjà, en posant un pot de moutarde « qui pique » dans le chariot, César ajoutait sans plus attendre :
- Je te dis ça. . . parce que même si tu n’y crois pas. . . pourtant tu en as un ! Tu as un ange gardien !
« Mais qu’est-ce qu’il raconte ? pensa Jacques. Où veut-il en venir, avec son histoire d’ange gardien ? Et pourquoi donc aurais-je un ange, même si je n’y crois pas ? »
Tout en cherchant le chocolat noir, il commença vraiment à se demander s’il croyait aux anges. Mais César ne lui laissa pas le temps de réfléchir plus longtemps, et tout en poussant le chariot derrière son jeune ami, il ajouta encore :
- Et en plus, tu vas rire, il se passe de ton accord pour veiller sur toi ! C’est un comble, tu ne trouves pas ?
Un truc qui nous échappe à ce point !
Mais où était donc ce maudit chocolat amer, «1 00 % cacao» ? Était-ce à cause de la crise qui montait devant ce chocolat introuvable, ou bien de son énervement contre César, toujours est-il que soudain Jacques se retourna, quelque peu excédé :
- Je ne sais pas si j’ai un ange ou pas ! Mais je me demande bien à quoi ça sert, en tout cas !
César, accoudé au chariot, prit son air malicieux pour savourer la réponse qui tout d’un coup fusa :
- Tu sais, je crois qu’il y a deux sortes d’hommes : les hommes mal inspirés, ceux qui n’écoutent que les commentaires issus de leur passé en toute circonstance, et les hommes bien Inspirés, ceux qui entendent les intuitions de leur ange ! Qu’est-ce qui te répond quand sans réfléchir tu as soudain une idée géniale, sinon l’ange...
- D’accord, je veux bien ! Mais cela change quoi à ma vie que mes idées géniales soient en fait soufflées par un ange ?
- Ah, mais ça change tout ! Car tout le monde a des idées géniales, puisque tout le monde a un ange gardien.
Mais seulement ceux qui y croient peuvent les entendre ! C’est comme le chocolat 100 % cacao : il est toujours là, dans le magasin ! Mais seul celui qui le cherche vraiment, celui qui y croit, peut le trouver.
Bernard Montaud
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