DANS LE BUS
Bonjour les eamis,
Je crois que vous aimez bien mes petites histoires de la vie courante. En voici une que je vous livre tout simplement.
MagdaRita
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Je me suis assise, bien confortablement sur la banquette arrière du bus qui m’emporte à South Beach. C’est dimanche matin et ça se sent. Les gens autour de moi plaisantent et paraissent détendus. Je m’amuse à embrasser du regard toutes ces personnes qui, elles aussi, respirent et pensent et ressentent.
J’adore vivre des instants comme ceux-ci, vivre des moments simples de la vie de tous les jours avec d’autres personnes que je ne connais pas et qui ne savent rien de moi non plus. Etre là, avec eux, ça me plait. J’éprouve toujours un grand élan fraternel. Je promène un regard enveloppant autour de moi.
Chaque personne porte son histoire sur elle et je m’amuse à regarder avec tendresse et détachement chacun de leur geste qui en dit long.
Un vieil homme, trop heureux de voir un jeune couple d’américains s’asseoir près de lui, se met, d’abord à s’enquérir de leur lieu de destination, puis sur leur lieu de provenance, ce qui l’autorise à parler, parler sans cesse, ponctuant son discours d’anecdotes rigolotes.
Une vieille dame devant moi à mis de beaux habits. Elle tient un bouquet à la main... invitée sans doute.
Voila que le bus s’arrête déversant une bonne dizaine de passager sur le trottoir alors que d’autre montent. Finalement, les portes se referment et chaque nouvel arrivant se choisit une place.
Les deux derniers montés sont une mère et son fils. Il la précède. Jeune tout pataud, il paraît avoir treize ans. Il a le corps des jeunes statiques que je reconnais bien, ainsi que le regard infiniment bon et infiniment perdu de ces enfants qui flottent entre deux mondes.
Il avance dans la rangée centrale mais je sais qu’il ne voit rien, qu’il n’est pas là car pas de ce monde.
Il approche de mon siège maintenant et je peux ressentir son désarroi jusqu’à me fondre en lui. Je ressens ses gestes maladroits, son inappétence à la vie terrestre.
Il flotte, il fluctue jusqu’à un siège sur ma gauche.
Et la mère pousse gentiment son fils de la main et du coeur, le guide, le soutient, le maintient dans son état de flottaison.
Le regard de la mère ne sait plus trop.
Et moi, j’hurle car j’ai reconnu l’enfant, sa détresse, sa provenance et son errance. et je pleure car je sais ses souffrances.
Alors, je prie, pour lui, pour sa mère, pour le père, sans doute parti. Je prie pour tous ces enfants atteints par le syndrome de l’amour.
L’amour pour tout ce qu’ils voient, ce qu’ils touchent - même pas mal à une mouche !
Ils aiment sans le savoir - c’est leur nature profonde. Leurs gènes en sont pétris.
La mère et le fils se sont assis."
Magda RIta